Un peu d'histoire...

La biodiversité animale et végétale  qui a  justifié  l’inscription  du site des Étangs du Ségala au réseau Natura 2000 résulte de plus  de  six  siècles d'histoire naturelle et culturelle. En effet, à l'origine, ces étangs sont des milieux entièrement artificiels, créés aux XIVème et XVème siècles pour les plus anciens.
Ces
réservoirs de biodiversité d’une grande originalité sont ainsi issus de  milieux  aquatiques  conçus,  aménagés et  gérés  par  les  sociétés  locales. Ici, peut-être encore plus qu'ailleurs, Natura 2000 se veut une démarche de développement durable où l’activité humaine, dans tous ses aspects (économique, social et culturel) est au centre du dispositif.

Au Moyen-Age, les étangs avaient d'abord un objectif de production piscicole avec l'élevage de poissons, et en particulier de Carpes. Sous l'Ancien Régime, les étangs ont pris de l'importance et leurs usages se sont multipliés. En plus de la consommation de leur ressource piscicole, ils étaient utilisés par l'aristocratie comme "canardières" pour la chasse au gibier d'eau. Le blason de la ville de Rignac (ci-contre) a d'ailleurs hérité de cinq canards, rappelant l'importance de cet usage à l'époque. Outre les ressources animales, les étangs fournissaient également une végétation aquatique abondante qui était utilisée pour empailler les chaises (c'était le cas de certains Joncs et Laîches) ou encore pouvait servir de "paille" pour les litières. Enfin, les sédiments issus des curages pouvaient être utilisés comme engrais, et plusieurs étangs faisaient office de "payssières" (réservoirs d'eau) pour alimenter des moulins.

Etang et ancien moulin de Lagarrigue
Etang et ancien moulin de Lagarrigue

Dans la période qui suivit la Révolution, les étangs et marais étaient souvent considérés comme insalubres et accusés de tous les maux, ce qui entraina la disparition par assèchement et comblement de nombreux étangs à travers le pays. Mais la diminution de la consommation de poisson et la récupération de ces espaces pour la mise en culture, jugée plus rentable, ont également été responsables de la régression des étangs à cette période.

Canard colvert
Canard colvert

Ces dernières décennies, la ressource piscicole des étangs connaît un regain d'intérêt. On y pêche la carpe (de loin l’espèce la plus abondante dans tous les étangs), le gardon, la tanche, la  perche,  le  brochet...  Une activité de pêche de la carpe au "No Kill" s'est développée sur l'étang de Bournazel : les belles prises sont photographiées comme trophées avant d'être relâchées.  Plusieurs  étangs  tels  que  ceux  de  Privezac  et d’Anglarès  servent  également  à l’irrigation des cultures. Enfin, depuis quelques années, de nouveaux usages liés à la patrimonialisation de la nature se sont développés comme l'observation de la faune (et notamment des oiseaux) et la flore sur les étangs.